Une pomme qu’il abandonne dans la cour? Une barre de céréale dont elle raffole, mais pleine de graisses et de sucre? Inutile de vous compliquer la vie: il n’est pas indispensable de donner un dix heures si l’enfant a bien mangé le matin, remarque Muriel Jaquet, diététicienne ASDD.
Le casse-tête des récrés, vous connaissez aussi ? Celui qui nous pousse, en parents responsables, à préparer un en-cas sain et équilibré dans une jolie boîte – pour retrouver les carottes fossilisées et la tranche de pain complet en miettes au fond du sac de gym/casier/cartable quelques semaines plus tard? Tout en entendant Choupinou ou Choupinette s’extasier sur «les chips trop bonnes qu’Eva a achetées au kiosque ce matin» et «les chocolats que Noé m’a donnés parce qu’il veut être mon copain»? Hé oui, tous les parents, ou presque, en sont là…
Mais hauts les cœurs, il est temps de retrouver notre zénitude. Car premièrement, on a tout juste en ce qui concerne les snacks légers et raisonnables: «Il faut se souvenir que la récréation doit être une petite pause, et que c’est avant tout un moment pour se détendre et pour bouger.», souligne Muriel Jaquet, diététicienne ASDD à la Société Suisse de Nutrition (SSN). Qui note aussi avec justesse que si l’enfant néglige sa collation, c’est peut-être simplement qu’il n’a pas faim.
Pas forcément obligatoires
Deuxièmement, la diététicienne remarque que les «10 heures» ne sont pas forcément obligatoires. «Depuis quelques années, c’est devenu une sorte d’institution. Mais l’enfant ne doit pas à tout prix manger à ce moment-là: la collation n’est indispensable que s’il a faim. Il ne faut en effet pas oublier que c’est une pause qui se déroule seulement deux heures avant le repas de midi! Si l’enfant a bien mangé au petit-déjeuner, il n’y a pas besoin de lui préparer un en-cas copieux. Ce d’autant plus que cela lui coupera l’appétit et qu’il ne profitera alors pas du dîner. Or ce dernier, tout comme le souper, est riche et varié au niveau nutritionnel, et cela vaut la peine d’en profiter pleinement.»
Et quand le bout de chou, levé tôt, picore à peine avant de partir à l’école? «Dans ce cas-là, la collation pourra compléter le petit déjeuner. L’essentiel étant de diversifier, et de proposer des aliments les plus simples et les moins transformés possibles.» Mais que les parents se rassurent: selon Muriel Jaquet, «si l’enfant ne peut rien avaler de solide, un verre de lait ou de jus de fruits est déjà un début de petit-déjeuner». «C’est important que l’enfant boive, pour se réhydrater après la nuit, note-t-elle. Et ces boissons fournissent aussi un peu d’énergie pour le début de la matinée. A dix heures, l’enfant aura toutefois certainement faim, et dans ce cas, il pourra compléter avec du pain ou des fruits, par exemple.»
Si on a le temps, on peut aussi bien sûr préparer un bon petit snack «maison», histoire de varier les plaisirs. Mais «si on souhaite cuisiner pour cet en-cas, c’est mieux de privilégier des préparations avec peu de graisses et de sucres, comme par exemple des petits pains aux fruits», recommande la spécialiste.
Un mythe qui persiste
Comme moi, vous craignez peut-être que le fait de ne rien manger à la récréation ne fasse baisser la qualité d’attention et la concentration de nos rejetons…. Hé bien rassurez-vous : il n’en est rien! «C’est souvent plus un mythe qu’une réalité, remarque la diététicienne. Et le fait de sortir prendre l’air et se changer les idées durant la pause est certainement bien plus efficace pour pouvoir se concentrer durant la fin de la matinée!». Preuve en est la France, qui a interdit l’alimentation à l’école depuis plusieurs années déjà, afin d’éviter que les élèves n’ingurgitent des aliments trop gras. Et devinez? Cela n’a eu aucune répercussion particulière.
Vous préférez malgré tout munir votre bout de chou d’une collation, «au cas où»? Aucun problème, «les fruits sont les premiers aliments recommandés pour des collations adéquates. Le pain et les galettes de riz avec éventuellement un peu de fromage conviennent aussi pour les plus grandes faims. Tout comme les fruits secs et les noix, noisettes ou amandes, qui sont pratiques car très faciles à transporter.», conseille la spécialiste en nutrition. Notons le gros avantage supplémentaire de ces derniers: même s’ils sont dédaignés durant quelques jours, vous serez au moins sûr(e) de ne pas les retrouver moisis ou en miettes…
Idées de collations proposées par la SSN :
http://www.sge-ssn.ch/media/conseils_dix_heures_fran%C3%A7ais.pdf
«Le disque alimentaire suisse» regroupe de nombreux conseils pour une alimentation équilibrée des enfants et adolescents :
http://www.sge-ssn.ch/media/broschuere_ernaehrungsscheibe_fr_farbig.pdf