“On a toujours le choix. On est même la somme de ses choix.”
Joseph O’Connor

En tant qu’adulte nous mettons généralement un point d’honneur à pouvoir choisir ce que nous voulons ou ne voulons pas. Comme si atteindre l’âge adulte faisait du choix quelque chose de naturel.

Par contre en tant que parent nous avons généralement une autre perception du choix quand cela touche à nos enfants**. Comme si donner le choix à son enfant allait en faire un enfant gâté et tout-puissant. Les fausses croyances sur l’éducation ne viennent pas de nulle part. En effet, les générations passées imposaient beaucoup plus de choses dans l’éducation et il s’agissait plus souvent d’une éducation dite verticale. Il est clair qu’aujourd’hui nous tendons dans nos sociétés à une éducation plus horizontale et donc plus coopérative. Le monde du travail s’y est d’ailleurs aussi mis et de nombreux articles sont apparus ces 10 dernières années sur l’importance du pouvoir horizontal dans les entreprises.

Prenons un exemple de choix laissé à son enfant dans l’optique très horizontale de lui offrir toutes les options possibles et lui éviter la frustration : pour ton dessert tu as le choix entre un yogourt à la vanille, à la fraise, au citron, à la cerise, au chocolat, à l’ananas, à la myrtille, à la noisette, à la banane ou à la mûre, qu’est-ce que tu choisis ?

Ici l’enfant est noyé sous le choix du yogourt –ou du yaourt, vous avez le choix. Quant au parent, il peut craindre de faire de son marmot un « enfant gâté » en lui laissant entendre que tout est à sa disposition.

Comment sortir de cette situation insatisfaisante pour les deux parties ? Il est alors compréhensible que l’amalgame se fasse entre donner le choix à son enfant et la crainte de trop le gâter.

Le choix doit être encadré avec intelligence par l’adulte. Donner le choix à son enfant correspond généralement à lui proposer une solution A et une solution B (est-ce que tu préfères faire tes devoir avant manger ou après manger ? Pour ton dessert tu as le choix entre un yogourt à la vanille et un yogourt à la fraise ?). Ici il va devoir se positionner entre les deux et trancher. Avec l’âge il pourra même vous proposer une solution C qui sera adéquate car il aura eu l’occasion d’expérimenter les conséquences positives ou négatives de ses choix dans le passé. Le choix doit donc être clair et bi-optionnel. Par la suite, dès que votre enfant aura l’âge de se lever et d’ouvrir le frigo, il pourra choisir entre les 10 saveurs de yogourts disponibles.

Laisser les enfants choisir pour eux ne signifie pas qu’ils vont choisir la destination des vacances de toute la famille ou encore d’avoir un petit frère ou petite sœur. Mais rien n’empêche que votre enfant puisse donner son avis quant aux choix que vous faites en tant que parents. Prendre en compte son avis ne signifie pas qu’il aura le dernier mot dans la décision.

Prendre une décision, si minime soit-elle, telle qu’avoir le choix de prendre sa douche aujourd’hui ou demain, aura un impact direct sur le cerveau supérieur de l’enfant. Il est beaucoup plus facile de se consacrer pleinement à une tâche quand nous l’avons choisie. Il sera également plus aisé d’accueillir les conséquences positives ou négatives du choix effectué. Rendre son enfant acteur lui permettra aussi de développer la prise d’initiative et cela pourra contribuer à une plus grande coopération pour la communauté familiale. Le choix permet aussi à votre enfant de mieux appréhender l’espace-temps qui s’offre à lui et ainsi d’organiser son esprit en incluant les différentes tâches dans son planning et même les plus rébarbatives tels que les devoirs, prendre sa douche, etc.

En tant que parents, vous avez déjà dû expérimenter des situations où vous avez imposé à votre enfant le moment de la douche. Et cela nous est tous arrivé. Vous avez dû constater que bien souvent cela a mené à une opposition de sa part, laquelle est des plus naturelles quand on y pense. En effet, l’enfant pouvait être pris par le jeu et risque alors de se sentir acculer par ce non-choix imminent. Renversons pour un instant les rôles :  Imaginez-vous sur votre canapé en train de lire ou de ne rien faire. Votre partenaire se place devant vous et vous dit : va faire ta déclaration d’impôt ! Que ressentirez-vous et comment réagiriez-vous ?

En tant qu’adultes nous sommes des experts de la vie par notre expérience, mais nous ne serons jamais dans la tête de nos enfants et c’est aussi une bonne nouvelle. Leur donner le choix tout au long de leur éducation va favoriser deux valeurs essentielles que les parents tendent à viser dans l’éducation : le libre-arbitre et l’autonomie. Et le meilleur lieu pour s’exercer est justement la famille.

 

Sur ce sujet et bien d’autres encore, je vous recommande ce livre : Le cerveau de votre enfant, comprendre comment il fonctionne pour éduquer avec bienveillance (Dr Daniel J. Siegel & Tina Payne Bryson).

 

**Le choix ici ne concerne pas les situations urgentes ou dangereuses pour la sécurité de l’enfant.