Pour la rentrée, le Bureau de prévention des accidents (BPA) vient de lancer une nouvelle campagne de prévention, intitulée «Doublement prudents». Son but? Sensibiliser les adultes au fait que les enfants n’ont pas la même perception des dangers qu’eux. Et les pousser à se responsabiliser et à ralentir…

 Surprise! Une petite fille et un petit garçon surgissent sur la route comme des diablotins hors de leur boîte. Juste devant une voiture dont le conducteur n’est pas forcément très attentif… Vous avez déjà certainement vu fleurir ces affiches un peu partout autour de chez vous, alors que vos enfants ont entamé leur rentrée scolaire. Cette simultanéité n’est pas un hasard, bien sûr: à la rentrée, le nombre d’enfants au bord et sur les routes augmente énormément. Et ces derniers, heureux de retrouver leurs copains, ont tendance à oublier complètement ce qui se passe autour d’eux. C’est pourquoi cette campagne du Bureau de prévention des accidents (ou BPA), intitulée «Doublement prudents : attention, un enfant ça surprend», est destinée à sensibiliser les conducteurs – et donc aussi l’intégralité des adultes… – au comportement souvent imprévisible de tous ces bouts de chou en balade. «Chaque année, 950 enfants sont victimes d’un accident de la circulation en Suisse alors qu’ils circulent à pied, en vélo ou en trottinette, souligne Marc Kipfer, porte-parole du BPA. Parmi eux, 180 sont grièvement blessés et 7 perdent la vie. Or, 40%  de ces accidents ont lieu sur le chemin de l’école.»

Les enfants entre 4 et 9 ans sont plus en danger

TCSSelon le BPA, ces accidents se produisent surtout quand les enfants traversent la route, que ce soit sur un passage piétons ou en-dehors. Et dans trois quarts des cas, ces derniers sont happés par une voiture. «Ce sont essentiellement les enfants âgés de 4 à 9 ans qui sont renversés, car ils n’ont pas encore la conscience et la même perception qu’un adulte de tous les dangers qui les entourent, explique Barbara Schürch, cheffe du service Écoles et famille du BPA. En-dessous de dix ans, par exemple, ils ont beaucoup de peine à évaluer la vitesse à laquelle une voiture s’approche. Et comme ils sont encore souvent de petite taille, leur champ visuel est très réduit car de nombreux éléments leur cachent la vue.»

Aux adultes de faire attention !

Lors du processus de création de sa campagne, le BPA a donc abouti à une conclusion logique : puisque les enfants n’ont pas la capacité d’anticiper le danger, c’est forcément aux adultes de réfléchir et d’agir à leur place, et d’être ainsi… doublement prudents. Le problème, c’est que ces derniers sont souvent stressés. Et qu’ils sont nombreux à posséder de grosses voitures, qui empêchent une bonne vision des environs – un petit enfant peut être totalement dissimulé par le véhicule !- et le contact oculaire avec les plus jeunes, absolument indispensable à une bonne gestion de la circulation. «Les adultes oublient aussi souvent, ou ne savent pas du tout, que les enfants n’ont pas les mêmes capacités qu’eux, souligne Barbara Schürch. Nous avons donc créé un matériel de campagne spécifique, pour leur permettre de se mettre réellement à la place des plus jeunes: des vidéos de réalité virtuelle à 360° qui, regardées avec des lunettes spéciales et un smartphone, permettent de voir la circulation à travers les yeux d’un enfant.»

Cinq explications à leur comportement imprévisible

Sans lunettes spéciales, j’ai visionné les vidéos sur YouTube en déplaçant le curseur et mon regard comme indiqué sur le site. Même si l’effet «réalité virtuelle» n’y est pas vraiment  et que le fait de bouger sans cesse les yeux donne davantage le tournis que l’impression d’avoir à nouveau 5 ans et des couettes, le message de mise en garde du BPA reste très clair: les enfants peuvent nous surprendre à tout moment. Et ce, pour cinq raisons bien précises :

1) ils se laissent facilement distraire

2) ils ont de la difficulté à estimer les distances et les vitesses

3) petits, ils ont un champ visuel limité

4) ils ne perçoivent pas les dangers assez vite

5) ils localisent et reconnaissent difficilement les différents bruits

TCS

«Avec un enfant, il faut s’attendre à tout! Les adultes doivent donc rendre le trajet scolaire plus sûr en restant aux aguets et en étant prêts à réagir en tout temps, en ralentissant spontanément, en étant toujours prêt à freiner, et en étant bien sûr encore doublement prudents à proximité des écoles et dans les villages et quartiers qu’ils ne connaissent pas: il peut toujours y avoir une crèche, une école ou une place de jeux à proximité.», recommande ainsi Barbara Schürch pour conclure.

La campagne, soutenue par le Fonds de la sécurité routière et la police, sera visible jusqu’en 2022.

Pour en apprendre davantage et pour découvrir les vidéos, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de la campagne: http://www.doublement-prudents.ch