– Je sais ce que cette personne pense !

– Comment le savez-vous ?

– Parce que je connais cette personne !

– Êtes-vous sûr à 100 % que cette personne pense ça ?

– Non, je ne le suis pas.

– Comment pouvez-vous en être sûr ?

– En lui demandant ?

– Oui !

Nous sommes souvent sûr.e de croire que nous savons ce que l’autre personne pense ou ressent. Nous agissons parfois ainsi pour nous protéger car nous ne voulons pas vraiment savoir ce que l’autre personne pense ou ressent. Parce que nous craignons d’être blessé.e ou de blesser l’autre personne.

J’ai grandi avec un papa en situation de handicap.

Mon papa a été atteint par la polio à un jeune âge. La polio a affecté la fonctionnalité de ses jambes et de ses mains.

Quand j’étais petite, il a pu marcher avec des béquilles pendant un moment. Au fil des ans, il a perdu cette force et a dû utiliser de plus en plus un fauteuil roulant pour se déplacer.

Quand j’étais petite, c’était ma réalité, ma vie, ma vérité. Je ne connaissais rien d’autre.

Plus je grandissais, plus je rentrais en contact avec les autres. Tu vas à l’école, tu vas jouer chez des autres enfants, tu entres en contact avec d’autres mondes.

Tu commences à te demander pourquoi ton papa ne peut jamais te jeter dans l’eau, pourquoi les gens te regardent toujours, pourquoi je peux monter facilement dans la voiture et pas papa, pourquoi on peut monter dans l’avion en premier, pourquoi, pourquoi, … ?

Tu commences à voire une souffrance que toi-même tu n’expérimente pas : ” Mon papa n’est pas comme tous les autres papas. Mon papa a besoin d’un autre soutien, de l’aide de ma mère, de moi-même et parfois d’inconnus.”

Moins d’indépendance !
Moins de possibilités !
Moins de chances de survie !
Moins, moins, moins, …

La tristesse …

Même en écrivant cet article, je ressens une énorme tristesse pour mon papa. Je ne souffre pas et lui, oui. La vie est à mes pieds et tristessemon père a dû renoncer à ses rêves.

Je ne peux donc pas me plaindre ! Ma vie est belle ! Que sont toutes ces petites choses insignifiantes par rapport à ce que mon père a vécu et vit encore ?!

Il est donc difficile d’oser se plaindre envers mes parents, car à mon avis, je n’ai pas beaucoup de raisons d’être malheureuse.

Mais je suis pleine de frustrations !

Pourquoi mon père est comme ça et pas les autres ?
Pourquoi devons-nous parfois payer pour l’invalidité de mon père ?
Pourquoi le monde n’est-il pas adapté aux personnes handicapées ?
Pourquoi papa met-il au moins 15 minutes à aller aux toilettes, pendant que nous attendons pour partir ?
Pourquoi ne pourrions-nous pas aller skier en hiver ?
Pourquoi ? Pourquoi ? …

(Je dois noter ici que mon père n’a jamais empêché ma mère et moi de faire des choses qu’il ne pouvait pas faire lui-même.)

Nous avons fait d’autres choses amusantes, bien sûr. On a fait des voyages, on a pu passer la file d’attente à Disneyland, on a eu des réductions, …

Mais il y a aussi la tristesse, la colère, la frustration, … (qui peut se retrouver dans n’importe quelle famille, atypique ou non !) ce qui n’est pas toujours facile à partager.

Il est tout à fait normal :

– d’avoir sur une situation des sentiments positifs ou moins agréables
– de remettre en question la vie que nous menons
– de demander de l’attention
– d’être désagréable avec tout le monde et tout ce qui existe, de temps en temps
– de se plaindre de ce qui se passe à l’école
– d’être triste à cause de petits ou grands événements

Il est tout à fait normal de ressentir des choses et tu es autorisé à partager cela !

Les parents qui ont un enfant en situation de handicap se demandent souvent comment se sentent leurs autres enfants. Est-ce que je leur accorde suffisamment d’attention ? Sont-ils heureux ? Dois-je faire les choses différemment ? …

Toutes des questions existentielles !

communication

Mon papa et moi

Nous pouvons y répondre ensemble en entrant en dialogue les uns avec les autres. En ouvrant ce sujet difficile à la discussion.

C’est pourquoi je suis si heureuse de pouvoir aider les familles à ouvrir cette communication. Ouvrir le tabou du : ” Nous ne souffrons pas autant, donc nous devrions nous taire et être heureux avec ce que nous avons. ”

Nous le faisons avec la méthode de la Réorientation Positive. Une méthode visant à parler avec un cœur ouvert.

Cet article se concentre maintenant sur une situation familiale spécifique. Sachez que la communication est importante dans chaque famille. La communication est importante dans toutes les situations ! C’est la seule façon d’avancer ensemble !

Je suis très reconnaissante envers mes parents pour la vie que j’ai déjà pu mener. Merci !

Vous pouvez lire ci-dessous le témoignage d’un papa pour lequel nous avons soutenu sa famille avec cette méthode de le Réorientation Positive :

Notre fille a 14 ans et aime passer les week-ends avec ses amis à Cerebral. Elle a deux sœurs.

En tant que famille, nous avons souhaité nous engager auprès de Happy Families, avec l’objectif d’améliorer la communication entre nous. Entre autres, nous voulions pouvoir parler du handicap de notre fille et de son impact non seulement sur elle mais aussi sur les autres membres de sa famille.

L’accompagnement de Happy Families a été très utile pour d’une part faciliter les discussions et d’autre part nous fournir des outils concrets qui nous aident encore aujourd’hui à nous engager dans ces discussions par nous-mêmes.

Ce n’a pas été un processus facile. De nombreux sujets abordés étaient sensibles ou simplement tabous. Cependant, au fur et à mesure des rencontres, nous avons découvert que parler de certains sujets était possible et nous faisait nous sentir très bien et même, dans un deuxième temps, plus légers.

Il était également très utile de clarifier certaines pensées que nous supposions vraies, mais qui en fait ne l’étaient tout simplement pas. Cela a enlevé beaucoup de poids aux épaules des parents, car nous avons découvert que nous étions plus préoccupés par nos enfants que nécessaire et eux-mêmes ont pu mieux comprendre nos inquiétudes.

Ce fut un cheminement émotionnel magnifique. Nous avons appris à nous ouvrir et, au final, nous sentions que nous nous aimions et nous admirions plus que nous ne le pensions.

Être parents d’un enfant en situation de handicap représente un travail intense et occupe la majeure partie de notre temps libre. Les journées passent sans qu’on s’en aperçoive. Happy Families crée délibérément du temps pour que nous parlions de nous en tant que famille. Je doute que nous aurions obtenu les mêmes résultats sans engager Happy Families. Tout simplement parce que nous sommes toujours trop occupés. Nous aimerions donc encourager d’autres familles à essayer. Cela en vaut clairement la peine.