Peu de temps avant cet incident, je lui avais rappelé de mettre des chaussures pour trottiner. Malgré son âge« de raison », mon conseil est resté sans effet ; sans doute en avait-il déjà fait sans chaussures et sans se faire mal !
Il y a de nombreuses situations que nous identifions rapidement comme étant « risquées » ou propices à un accident, même si la probabilité est faible : un peu comme passer derrière un cheval et recevoir un coup de sabot. Les recommandations de prudence et l’aide à la distinction des dangers font partie du kit parent, mais les parents devraient parfois lâcher un peu de lest : trop de mises en garde peut aussi provoquer des accidents.
Une situation qui me vient à l’esprit est un enfant de ma connaissance qui s’est ouvert le menton en faisant de la trottinette. Son père, pensant que son enfant perdait le contrôle de sa trottinette, lui a crié de faire attention. L’enfant s’est alors retourné vers son père et, est tombé sur le menton. Ici nous ne saurons jamais si le parent a évité le pire à son enfant ou s’il a provoqué l’accident. Il ne reste pas moins que chaque parent juge les dangers extérieurs avec son propre « curseur à menace ».
On a peut-être raison de ne pas faire confiance à un cheval ou une trottinette, mais on devrait faire confiance à son enfant.
Revenons au nœud de l’article qui réside dans les phrases, bien souvent automatisées, que nous pouvons prononcer une fois que l’enfant s’est fait mal alors que nous l’avions mis en garde. Les principales qui me viennent à l’esprit et que j’ai moi-même beaucoup entendues sont :
« Je te l’avais dit ! »
« Tu le fais exprès ? »
« Ben voilà ! »
Ces phrases culpabilisantes et moralisatrices ne soignent en rien, bien au contraire. Si un autre adulte venait à les prononcer à notre encontre, cela nous agacerait fortement.
En fin de compte, ces phrases permettent bien souvent au parent d’évacuer son agacement vis-à-vis de la situation et de l’enfant. Mais nous oublions trop souvent qu’en tant que parents nous pouvons transmettre toute la connaissance que nous voulons, nous ne pourrons pas transmettre de l’expérience. Et c’est une bonne nouvelle qu’un enfant de 10 ans n’ait pas un vécu d’adulte de 45 ans, non ?