Pour éviter que ses rejetons ne se comparent et se jalousent, il faut valoriser les forces de chacun, conseille la coach familiale genevoise Laure Amberg. Cela leur permettra de renforcer leur estime de soi.
Texte Véronique Kipfer pour le Migros Magazine
Nina, toute fière, ramène un 4,5 en français. «Et moi, j’ai fait 6 en maths!», s’exclame immédiatement son frère Léo, alors qu’on la félicite. «C’est pas juste, il est toujours meilleur que moi!», s’emporte à ce moment-là Nina en lançant son travail sur la table avant d’aller bouder dans sa chambre.

Une situation fréquente, qui laisse généralement les parents démunis: comment féliciter l’un et l’autre sans créer de jalousie? Et comment faire comprendre à chacun qu’on l’aime indépendamment des notes qu’il ramène?

C’est dans la nature humaine de se comparer aux autres et nous sommes dans une société qui pousse particulièrement à le faire, remarque Laure Amberg, éducatrice de l’enfance, coach certifiée et présidente de l’Association Happyfamilies. En tant que parents, on ne peut donc pas éviter que ses enfants se comparent. En revanche, nous pouvons travailler en amont, afin de leur donner confiance en eux et leur permettre d’accroître leur estime de soi.»

Mettre en avant le processus

Afin d’y parvenir, la spécialiste conseille d’abord d’encourager ses enfants en valorisant leurs forces et en mettant en avant le processus. «Nous sommes généralement axés sur les résultats, note-t-elle. Mais un enfant qui a eu la note 3 a peut-être fait nettement mieux que la fois précédente, où il avait eu un 2! Si on arrive à valoriser ses progrès, aussi petits soient-ils, c’est déjà tout ça de gagné par rapport à l’école. Car plus on l’aide à se construire en fonction de ses forces, plus on va l’aider à grandir et s’épanouir.»

Elle recommande par ailleurs de mettre en avant l’équité au sein de la famille, et non pas l’égalité: «Chaque enfant est unique et a des besoins différents à des moments différents, souligne-t-elle. Il s’agit ainsi de leur faire comprendre que chacun a ses forces et ses faiblesses, et que chacun reçoit une dose d’amour et d’attention à peu près pareille, mais pas forcément en même temps.

Favoriser la description

C’est en appliquant ce comportement au quotidien, depuis le plus jeune âge et dans tous les petits détails du quotidien, que les parents vont permettre à l’enfant de supporter plus facilement la comparaison grâce à une estime de soi inébranlable. Mais afin d’éviter trop de jalousie dans la fratrie, un peu de subtilité s’impose.

Petite astuce de Laure Amberg: “Lorsqu’on félicite l’un des deux, on peut simplement décrire la situation en lui disant par exemple: ‹Tu peux être fier de ta persévérance, ce résultat représente beaucoup de travail!› Cela permet de renforcer le référentiel interne de l’enfant tout en évitant à l’autre de se sentir diminué.“ On peut également lui poser ce que la coach familiale appelle «des questions de curiosité», qui l’incitent à réfléchir. Du type: «Comment t’es-tu senti(e) en recevant ta note? Comment est-ce que tu t’étais préparé(e)?», ce qui permet une approche constructive qui ne rabaisse pas le reste de la fratrie.

Oui aux encouragements!

«En revanche, gare aux félicitations du type: ‹Je suis très fier de toi!›, qui rendent l’enfant dépendant du regard des parents et des autres adultes et qui ne favorisent pas sa confiance en lui», avertit la spécialiste. «Si on arrive à basculer du compliment à l’encouragement, on laisse à l’enfant le plaisir d’avoir réussi, on l’incite à progresser et on augmente son autonomie, car cela lui permet de s’autoévaluer et de prendre conscience de ce qu’il est capable de faire, explique-t-elle ainsi.

Mais bien entendu qu’un compliment de temps en temps fait aussi toujours plaisir!

Évidemment, on évite aussi à tout prix la comparaison, même positive, car cette dernière «engendre une notion de compétition où il y a généralement un gagnant et un perdant. Cette situation signifie donc beaucoup de stress, qui peut se traduire soit par des maux physiques, soit par l’installation progressive de ressentiments de part et d’autre.»

C’est donc à la maison que beaucoup de choses se jouent, résume Laure Amberg pour terminer: «On sous- estime souvent ce qu’on peut faire en tant que parents, mais il faut bien se rendre compte que tout apport bénéfique mis en place dans le cercle familial permettra de mieux gérer les situations à l’extérieur. C’est valable pour toutes les relations, et applicable à tout le monde!