Afin de briser un des tabous de la parentalité d’aujourd’hui, Anne-Sophie, Super-Maman en chemin nous partage son témoignage…

8 février 2021

Il est 08h30, c’est un lundi et, déjà, je n’en peux plus. Mon fils de 4 ans, me sollicite depuis son réveil, vers 06h30. J’entends à tout va « Mamaaaaan » pour un chausson mal mis, un petit camion dont la porte ferme mal, une corde à sauter entortillée…

Mon fils de deux ans, s’est mal réveillé vers 06h45, n’a pas voulu de son biberon, a égaré sa tétine et chouine assis par terre dans le salon « Mamaaaan »…

Un lundi qui vient après un weekend passé enfermés à cause du sale temps, les réveils à répétition des enfants qui font des mauvais rêves ou qui sont malades, et la frustration de ne ressentir aucune joie à être à la maison ce jour-là avec eux.

Là, maintenant, tout de suite, j’ai juste envie de tout laisser en plan, de fermer la porte de ma chambre, de hurler dans mon coussin, de pleurer puis de dormir 8h d’affilée ou pire, de prendre ma voiture et de partir sans laisser d’adresse…

Avant, j’avais la patience de venir les aider, les rassurer, les accompagner, les comprendre, leur parler. Mais là, je ne ressens plus de compassion, je suis devenue froide, je n’arrive plus à rassembler l’énergie nécessaire pour venir remplir leur réservoir d’amour…

Alors je les laisse chouiner, pleurer, s’énerver, en regardant les yeux dans le vide par la fenêtre de ma cuisine, avec ma tasse de café tiède. Spectacle quasi quotidien désolant et décevant, qui me frustre un peu plus chaque jour depuis des mois et dont je n’arrive pas à me sortir.

surcharge mentaleLes lundis et les vendredis, j’ai les enfants à la maison. Cumulés aux weekends, ce sont devenu, avec le temps, quatre jours d’angoisse que je sens montée en moi dès le jeudi matin. Comment en suis-je arrivée là ? Pourquoi n’ai-je pas vu que la situation se dégradait, pourquoi n’ai-je pas réagi avant ? J’ai un sentiment de honte, de culpabilité énorme d’être dans cette phase de burnout parental, comme si je n’avais pas le droit de craquer car après tout, « ces enfants vous les avez voulus ». Vraiment, avec mon mari nous les avons désirés, j’ai adoré mes trois grossesses, j’ai eu un grand plaisir à les sentir naître, à les voir évoluer au fil des mois, des années.

Mais les « stresseurs » au quotidien ont peu à peu éclipsé les « ressources » dont je disposais : mon foyer tout entier est devenu une contrainte, un poids, une entité que je tente de fuir en ce moment. Les courses, les repas, le ménage, les lessives, les papiers administratifs, les rendez-vous à prendre, les douches des enfants, les moments de jeux, l’histoire du soir…

Toutes ces tâches, ces responsabilités mais aussi les moments qui sont censés être complices, pleins de partage et d’amour, ne forment plus qu’un tout exaspérant et éreintant. Pourtant, la charge mentale et les tâches ménagères sont largement partagées avec mon conjoint, nous formons une bonne équipe.

Mais ce qui coince, c’est le partage de la charge parentale. Je suis clairement celle qui suit plus investie dans les questions d’éducation, le sens que je souhaite donner à ma parentalité, les valeurs que j’aimerais transmettre aux enfants etc. Je suis aussi celle qui passe le plus de temps avec les deux enfants en bas-âge et qui doit rivaliser d’imagination pour les occuper et les divertir pendant plus de douze heures d’affilée…Bon courage quand on est en situation d’épuisement parental.

Avant, je jouais très souvent avec eux, j’étais vraiment présente, j’inventais des histoires, nous partions en balade, j’organisais des sorties avec eux, j’appréciais sincèrement cette facette de ma vie, la maternité. J’étais l’une de ces mamans investies avec ses enfants, portées sur les concepts de parentalité bienveillante et positive. Mais aujourd’hui, j’ai la sensation de ne plus avoir de place pour m’épanouir sur les autres pans qui me tiennent tout aussi à cœur : mon couple, mon travail et mon développement personnel.

burnoutMon énergie, mon envie, mes idées, tout est vidé ; physiquement mais surtout émotionnellement. Pourtant, il est impossible de
lâcher mon foyer. Je ne peux pas mettre sur pause, partir 6 mois me ressourcer puis revenir sereine, ré-énergisée, à la différence d’un burnout professionnel. Alors je compte les heures des jours passés avec les enfants, en me demandant si je suis vraiment à ma place, sur la bonne route, celle de la vie à laquelle j’aspirais, convaincue que non, la parentalité n’est pas que source d’épanouissement…

19 juillet 2021

Depuis mars, je me suis fait aidée, suivie par une psychologue pendant quelques séances pour exprimer à haute voix ce que j’avais honte de penser tout bas, remettre enfin de l’ordre dans mes ressentis et mes idées, trouver des solutions pour diminuer mes stresseurs et augmenter mes ressources.

En discutant autour de moi, je me suis rendue compte que de nombreuses femmes (mais aussi des hommes), des amies ou de la famille, sont passées par des phases d’épuisement parental et je ne comprends toujours pas pourquoi nous n’en parlons pas entre parents. J’aurais aimé qu’on me prévienne, qu’on me raconte, qu’on me sensibilise, qu’on me décrive les symptômes reconnaissables du burnout parental, comme on le fait de plus en plus spontanément burnout professionnel.

Avec le temps, j’ai retrouvé le plaisir de passer du temps avec mes enfants, de les faire rire, de jouer avec eux, de mieux communiquer avec mon conjoint sur ce thème sensible et méconnu de la charge parentale. Heureusement, le temps joue en notre faveur alors tenez bon : on se sort de ces phases épuisantes fortifiés, lucides et d’autant plus conscients que la parentalité est une aventure incroyable à plusieurs facettes. Elle nous remet en question autant qu’elle nous fait grandir quotidiennement auprès de nos enfants !

Anne-Sophie, 32 ans, maman de trois enfants (7 ans, 4 ans, 2 ans)

Tout d’abord, je tiens à remercier Anne-Sophie pour ce témoignage très authentique, bravo à elle d’avoir pu mettre des mots sur ses maux et merci d’en parler autour d’elle afin de permettre à d’autres de comprendre.

Nous savons tous ce qu’est un burnout professionnel mais avez-vous déjà entendu parler du burnout parental ?

Les parents d’aujourd’hui subissent une grande pression car le regard de notre société occidentale sur la parentalité a énormément changé ces dernières années. Les médias et autres réseaux sociaux font la part belle à une vie de famille idéale où tout se passe toujours bien. Il est donc facile de se sentir être un mauvais parent quand on se compare aux autres qui arrivent (c’est ce que l’on croit) à tout gérer (travail, maison, enfants, couple…) Alors on se sent nul et on veut en faire toujours plus pour atteindre le mythe du parent parfait.

Loin d’être un phénomène de mode, le burnout parental est un syndrome d’épuisement moral et une fatigue physique qui survient quand un parent a été exposé à trop de stress pendant trop longtemps dans son rôle de parent.

On dénombre 4 symptômes caractéristiques du burnout parental :

  1. L’épuisement dans son rôle de parent on se sent vidé, au bout du rouleau (mentalement, physiquement et/ou émotionnellement).
  2. La saturation et la perte de plaisir dans le rôle de parent on n’en peut plus, sentiment de ‘’trop plein‘’.
  3. La distanciation affective d’avec ses enfants on se retrouve en pilote-automatique à faire le strict minimum, il n’y a plus de connexion.
  4. Le contraste entre le parent que nous étions avant et celui d’aujourd’hui on ne se reconnaît plus, ce qui engendre une grande souffrance, de la honte et de la culpabilité.

Trop fatigué, le parent n’a plus l’énergie de s’investir dans la relation, ou en tous cas plus autant que d’ordinaire. Il prête moins attention à ce que ses enfants lui racontent ou les écoute d’une oreille distraite, il n’accorde plus (autant) d’importance à ce qu’ils vivent et ressentent, il ne s’implique plus (autant) dans leur éducation, il n’arrive plus (autant) à montrer à ses enfants combien il les aime. Il fait ce qu’il doit faire (les conduire à l’école, leur préparer à manger, la toilette, le coucher), mais pas plus.

Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak, sont toutes deux mamans mais également chercheuses au sein de l’Institut de recherche en psychologie en Belgique. Elles étudient ce phénomène depuis plusieurs années, elles ont d’ailleurs initié et dirigé une étude internationale à ce propos et ont publié les résultats de leurs travaux dans de nombreux articles scientifiques ainsi que dans quatre livres.

Pour plus d’info, je vous invite à aller faire un tour sur leur site internet: www.burnoutparental.com. Vous pouvez y trouvez un test en ligne pour savoir si vous êtes en burnout parental et également une application mobile.

Avec cet article j’espère aujourd’hui éveiller votre conscience, si vous-même vous vous reconnaissez dans cette situation ou si vous avez l’impression que l’un de vos proches pourrait être touché parlez-en, ne restez pas seul avec ça.

Les coachs HappyFamilies sont également là pour vous soutenir et vous accompagner dans cette période difficile. Nous trouverons avec vous les solutions qui vous aideront à prendre soin de vous en rééquilibrant votre balance !