« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Ainsi se terminent les contes de fées de notre enfance, la vie de ces femmes d’avant. Mais l’histoire tait la femme d’après, celle dont les yeux sont cernés, celle dont les rêves sont éprouvés par la dure réalité d’une vie de famille, celle qui pourtant apporte soin et soutien à sa famille et cherche la perfection quelque soit le temps et qui a posé ses valises dans un lieu mystérieux, harassant, exaltant que l’on nomme « le foyer ».

Et qu’elles aient ou non une activité professionnelle, toutes ces mamans le sont à plein temps. Le matin, le soir, le week-end, elles oeuvrent dans les coulisses de leur château. Malgré les beaux discours sur le partage des tâches ménagères, elles font des lessives, mettent des goûters dans les cartables, lisent des histoires, emmènent les enfants aux activités extrascolaires.

Dans les couloirs du château, ces princesses, devenues épouse et maman, croisent des miroirs déformants qui leur murmurent : « Tu ne fais rien d’important », « regarde-toi, tu vieillis », « les autres gèrent mieux que toi ». Il faut alors fuirent ses miroirs et dessiner les contours d’une salle aux trésors remplie de ces petits mots qui l’ont un jour encouragée « merci », « courage » « tu es si belle », « quelle joie de t’avoir dans ma vie ».

mathouHâpé dans ce tourbillon de la vie, il est capital de s’arrêter un moment dans cette salle de trésors, de laisser la bienveillance des autres nous souffler quelques mots doux et reconnaître que dans notre imperfection, nous sommes fabuleuses. Car dans les contes de fées, même les princesses ont un petit compagnon animal pour lui rappeler comme elles sont fortes, courageuses, vaillantes, formidables et j’en passe.

Il faut donc accepter ses limites, savourer l’instant puis se réinvestir dans notre vie et se souvenir que nous avons des ressources. Nous ne sommes pas toutes des princesses et ce ne sont pas nos rides, ni nos échecs, ni notre fatigue qui définissent notre beauté mais bien notre manière d’aimer tendrement nos imperfections.

La vie ne nous permettra jamais d’être parfaite. Il faut l’accepter d’autant plus quand on a des enfants qui sont maîtres dans l’art de nous donner de sacrées leçons de pagaille. Mais la perfection, c’est se perdre, se vider de son énergie et devenir fade. Et les autres ne veulent pas de ces personnes lisses, sans failles et sans ombres. Il faut donc trouver le moyen de transformer notre imperfection malheureuse en une imperfection heureuse.

Devenir maman est une des premières grosses vagues de notre vie. Mais il existe peu de films ou d’histoires qui nous montrent, nous expliquent comment surfer sur cette vague. Certains jours, nous avons le désagréable sentiment que nos enfants nous volent notre vie. Les enfants qui veulent tout et tout de suite, les ado qui râlent pour passer sous la douche et les maris qui se réfugient un siècle au toilettes. Il y a des jours où le monde entier complote contre nous pour nous irriter. Ces jours- là, on se sent nulle, maladroite, incapable, insuffisante, moche et bête. Mais c’est tout le contraire ! Etre maman, c’est partir à la découverte de nos ressources insoupçonnées; récupérer l’énergie générée par une émotion intense et l’utiliser comme une planche de surf ou rebondir comme sur un tremplin pour nous amener plus loin. Nous ne sommes pas obligées de subir notre quotidien de maman mais nous pouvons le prendre en mains.

Malheureusement, être une mère parfaite est difficile au XXIème siècle. Très vite, on se programme pour être une femme maman parfaiteirréprochable, accomplir un travail irréprochable tout en étant une personne formidablement détendue et drôle. Mais on oublie que dans nos histoires de petite fille, la princesse est aidée d’une multitude d’animaux: Raiponce et son caméléon Pascal, Elsa et Olaf ou Christophe, Mulan et Mushu le petit dragon rouge, Ariel et Polochon et Sébastien, Cendrillon et ses souris…

Alors que bien souvent, nous sommes seules dans « nos châteaux » car nos animaux de compagnie ont, semble-t-il, perdus avec les années, la faculté de nous aider comme dans les conte de fée. Alors mieux vaut être une maman imparfaite qui se fait confiance qu’une maman parfaite qui n’existe pas.

Il faut apprendre à accepter que de petits pas valent mieux que de grandes aspirations ou rêves irréalisables. Dans la frénésie du
quotidien, mieux vaut un rapide tour dans une aire de jeux qu’un voyage à Disneyland que l’on n’organisera jamais, une bière en amoureux sur le tapis du salon qu’une soirée cinéma qui ne se fera pas, une balade de sept minutes plutôt qu’une course de 20 kilomètres où l’on ne s’inscrira jamais. Être fabuleuse dépend de ces petits pas que nous acceptons de faire en pleine conscience. On retrouve des forces, on accepte notre imperfection qui a contribué à faire de nous la personne que nous sommes aujourd’hui. On laisse tomber notre image féerique de la femme, de la mère idéale et on s’agrippe à nos convictions, nos idées, notre droit d’être imparfaite et d’avoir une vie imparfaite.

Et ainsi nous pourrons dire: « Et c’est ainsi qu’au quotidien, je vis heureuse avec ma famille ».