D’où vient ce besoin d’attribuer des étiquettes aux enfants (et aux adultes d’ailleurs…) ? Dès la naissance nous recevons un certain nombre d’étiquettes ; le vigousse, le fainéant, avec un sacré caractère, le p’tit dernier, le têtu, le grand, rêveur, le sérieux, le turbulent,…

Est-ce la volonté de leur donner une identité? De montrer qu’on a cerné leur personnalité? De les encourager? Toujours est-il que ces étiquettes, qui nous paraissent anodines, voir même positives, nous enferment dans le rôle que l’on nous attribue et il est parfois difficile de s’en défaire et peuvent être un frein à notre épanouissement. Elles restreignent le champ des possibles en renvoyant une image stéréotypée de l’enfant (de l’adulte).

Les enfants ont tendance à assumer les rôles qu’on leur assigne. Considérez un enfant de “maladroit“, il renversera tout. Considérez un enfant de “tête en l’air“, il oubliera tout. Considérez un enfant de “bon à rien“, il aura bien souvent tendance à en rajouter. Considérez un enfant de “sérieux, responsable“ il se mettra une sacrée pression pour ne pas vous décevoir. De plus, ces “distribution de rôles“ attisent bien souvent les rivalités entre frères et sœurs : comment ne pas haïr « l’intellectuel » ou « le sportif » de la famille, quand tous les regards se portent sur lui…

L’effet Pygmalion

L’effet Pygmalion, découvert par le psychologue américain Robert Rosenthal dans les année 60, est une prophétie autoréalisatrice qui provoque une amélioration des performances d’un individu. Le simple fait de croire en la réussite de quelqu’un améliore ainsi ses probabilités de succès.

Je vous résume en quelques mots son expérience et les résultats qui en découlent. R. Rosenthal est approché par une directrice d’école d’un quartier pauvre de San Fransisco, Leonore Jacobson, qui lui propose d’effectuer une étude au sein de son école, pour mettre en évidence le rôle de cet effet Pygmalion dans l’apprentissage scolaire.

Après avoir fait passer le test à l’ensemble des élèves, Rosenthal et Jacobson s’arrangent pour que les enseignants prennent connaissance des résultats, en faisant croire à une erreur de transmission de courrier. Mais ces résultats sont tronqués avec 20% des élèves qui se sont vu attribuer aléatoirement un résultat surévalué.

À la fin de l’année, Rosenthal et Jacobson font repasser le test de QI aux élèves et là l’expérience démontre qu’une année après la divulgation des faux résultats de QI, les 20 % surévalués ont amélioré de 5 à plus de 25 points leurs performances au test d’intelligence.

Dans une certaine mesure, le résultat découvert peut s’exprimer ainsi : en pensant que quelqu’un possède une caractéristique, nous changeons notre propre attitude vis-à-vis de cette personne, et l’influençons de telle sorte qu’il va effectivement acquérir cette caractéristique ou l’exprimer de façon plus flagrante. Et n’oublions pas que si ça marche dans le sens positif, à savoir valoriser des compétences, mettre en avant des forces, a contrario vous

Pour aider nos enfants à sortir des rôles qu’on leur a attribués…

étiquettes
Roger Hargreaves

Nous ne pouvons pas supprimer les étiquettes, il y aura toujours des personnes pour en mettre, que se soit à l’école, à l’extérieur, chez le pédiatre, au sein de la famille, par nous-même,…

A nous, parents, d’aider nos enfants à se détacher de ces étiquettes, parfois attribuées bien malgré nous, car nos enfants se voient tout d’abord à travers nos yeux.

L’important est que nous puissions faire ressortir ce que nos enfants ont de meilleur et que nous puissions leur faire remarquer que même si à certains moments ils ont certains traits de caractère, ils savent aussi faire autrement et que leur personnalité ne se résume pas à “ce rôle“.

Aider un enfant à se percevoir différemment est un grand défi. Il faut de la volonté pour éviter de renforcer ce comportement.

Pour aider vos enfants à se sortir de ces rôles vous pouvez :

  • LEUR PRÉSENTER À CHAQUE OCCASION, UNE NOUVELLE IMAGE D′EUX-MÊME
  • LES METTRE DANS DES SITUATIONS QUI LEUR PERMETTENT DE SE VOIR DIFFÉREMMENT
  • LEUR DIRE DES CHOSES POSITIVES À LEUR SUJET
  • ETRE VOUS-MÊME L′EXEMPLE DU COMPORTEMENT QUE VOUS SOUHAITEZ LEUR FAIRE ACQUÉRIR
  • ETRE LEUR BOITE À TRÉSORS DE LEURS RÉUSSITES
  • EXPRIMER VOS SENTIMENTS ET ATTENTES CONCERNANTS LEURS COMPORTEMENTS
Votre enfant est “étiquetté“ de maladroit ? Encouragez-le et valorisez à chaque fois qu’il ne l’est pas ; Soyez sa boite à trésors: “Rappelle-toi l’autre jour que tu as préparé le petit déjeuné? Tout était parfait, tu pouvais vraiment être fier de toi!“. Et surtout n’oubliez pas que c’est en s’exerçant qu’un enfant développe ses compétences.

Votre enfant est “étiquetté“ de sérieux, de personne responsable ? Cela peut paraître positif mais n’oubliez pas de lui dire que même les personnes sérieuses et responsables sont parfois fofolles et peuvent s’appuyer sur les autres.

Votre enfant est “étiquetté“ de turbulent ? Montrez lui à chaque fois qu’il ne l’est pas et qu’il fait différemment.

Votre enfant est “étiquetté“ de paresseux ? A chaque fois qu’il s’applique à une tâche, qu’il est persévérant, faites lui remarquer à quel point il peut être fier de lui.

Quelques questions qu’on pourrait se poser…

Mon enfant est-il en train de “jouer un rôle“ qu’on lui a attribué ? A la maison ? A l’école ? Avec ses amis ? Au sein de la famille ? Quel ce rôle ?

Ce rôle comporte-t-il un aspect positif ? (Imagination chez le rêveur, persévérance chez le têtu,..)

Que souhaitez-vous que votre enfant pense de lui-même ? (capable d’être responsable, capable de s’amuser,…)

Pour conclure…

Comme le dit très bien Adèle Faber, “les enfants se voient tout d’abord à travers les yeux de leurs parents. Ils s’appuient sur nous pour qu’on leur dise non pas nécessairement ce qu’ils sont, mais ce qu’ils sont capables de devenir. Ils dépendent de nous pour développer une vision plus élargie d’eux-mêmes et pour recevoir des outils en vue d’implanter cette vision.“

Elle continue en diant cela : “Les enfants égoïstes, ça n’existe pas ; ils ont seulement besoin de faire l’expérience des joies qui découlent de la générosité. Les enfants paresseux, ça n’existe pas ; ils manquent simplement de motivation, ils ont besoin qu’on les croie capables de travailler fort quand ils le veulent vraiment. Les enfants patauds, ça n’existe pas ; ils ont seulement besoin qu’on accepte leur gestes et qu’on fournisse de l’exercice à leur corps. Les enfants, tous les enfants, ont besoin qu’on affirme ce qu’ils ont de meilleurs et qu’on ignore ou qu’on réoriente ce qu’ils ont de moins bon.“

Encouragez vos enfants, mettez-les en situation de capacité, laissez-les faire des essais/erreurs sans les critiquer ou les réprimander, laissez-les vivre les conséquences de leurs choix et montrez-leur que vous les aimez d’un amour inconditionnel!!!